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Mordecai Comes Back
2 mars 2011

Gloria by John Cassavetes

     L'avantage quand on habite la moitié du temps en ville, genre dans une grande ville, c'est qu'on est pas trop loin d'un bon cinéma indépendant, qui diffuse à prix modique des films intéressants qui viennent de sortir, qu'on ne trouve pas dans les grandes enseignes, et qui les laisse longtemps à l'affiche. Parfois, des associations montent des partenariats avec ces cinémas. C'est le cas de Ciné Collection, qui s'est associé à plusieurs cinémas de la région lyonnaise, pour nous proposer "chaque mois de voyager à travers l'histoire du cinéma pour voir ou revoir sur grand écran des oeuvres d'auteur". C'est ainsi que je me suis retrouvée, le 20 février -et pour la seconde fois de la journée- dans ma deuxième maison -aka le Comoedia- pour assister à la projection de Gloria de John Cassavetes.

     Ma connaissance de John Cassavetes se limitait alors à Rosemary's Baby de Roman Polanski -que j'ai découvert en octobre dans le même cinéma lors du festival Lumière. Inutile de préciser je n'avais jamais rien vu non plus avec Gena Rowlands, mais l'affiche m'attirait bien. Le générique démarre, sur une musique latino-américaine plutôt plaisante, et avec cette successions de dessins enfantins assez surprenants (j'ai fait le lien avec Phil à l'instant, en écrivant cette phrase). D'habitude je ne prête pas de grande attention aux génériques de films, mais celui-là est plutôt atypique -il me semble- et m'a vraiment marquée.

gloria3

     J'ai trouvé le film grandiose dès le départ. La mère de Phil, dans sa jupe crayon, était absolument sublime, puis l'arrivée de Gloria est tellement en décalage avec ce qui se passe... J'ai aimé Gloria, je pense, essentiellement parce qu'elle a tout l'aplomb que je rêverais d'avoir. Dans cette scène où elle envoie bouler les mafieux qui la surveille dans un fast-food, ou quand elle saute sur le mafieux qui l'a suivie dans le taxi pour faire croire au chauffeur qu'il essaie de la violer, c'était... Je ne trouve même pas de mots. C'est assez étrange, cette façon qu'elle a de se prendre instantanément d'amitié pour Phil, de vouloir le protéger à tout prix comme si sa vie à elle en dépendait alors qu'elle prétend détester les enfants.

     Cet amour maternel profondément ancré dans les deux seules figures féminines du film poussent à s'interroger sur la position de Casavetes face aux femmes. Dans le film, il véhicule une idée dont on m'a toujours rabâchée qu'elle est fausse selon laquelle toute femme est faite pour être mère. Car si Gloria, à la fin, propose à Phil d'être sa grand-mère, tout le film montre que la maternité lui manquait. Que le quelque chose qui manquait à sa vie, c'était ça, que pour la survie d'un enfant elle ferait n'importe quoi. Même Phil, l'enfant qu'elle couve comme s'il était le sien, est à certains moments d'une chauvinerie sans égal. Cependant, malrgé le fort machisme latent, Gloria est un vrai portrait de femme. Celui d'une femme forte, indépendante et impulsive, qui se bat sans réflechir, et qui réussit seule à sauver sa peau. Cette ambiguité ma pousse encore à me poser des questions une semaine et demi après. D'un côté, Cassavetes la présente comme une femme complètement autonome, qui a en permanance le dessus sur les hommes et ne laisse jamais transparaitre ses craintes, faisant d'elle un symbole féministe, et en même temps, il la réduit à sa condition présumée de femme, c'est à dire de mère. Je ne sais trop qu'en penser. Si ce n'est, je le répète, que je l'admire profondément et que j'espère arriver à son âge à avoir une telle force de caractère. Et je ne comprends pas pourquoi John Adames, le gosse qui joue Phil, a eu un Razzi -en fait si, il joue super mal, mais en même temps, il avait quoi, 8 ans, un truc comme ça ? Tu peux pas non plus demander la lune, ni pourquoi Gena Rowlands n'a pas eu l'Oscar, parce que sérieusement, elle le méritait.

Gloria de John Cassavetes (1980), avec Gena Rowlands, John Adames, Julie Carmen, Buck Henry et Lupe Garnica.

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